Orlane Escoffier


 

Orlane Escoffier

Orlane Escoffier, photo de Maylis Dartigue

Biographie :

Orlane est née en 1989 en terres bisontines, a grandi à La Rochelle avant de s’installer à Paris quelques mois après ses 18 ans pour étudier à la Sorbonne-Nouvelle. Elle y vit toujours et travaille actuellement dans le secteur de l’édition.
Tombée dans les dentelles et les jupons gothiques à l’adolescence, elle a finalement poussé le vice et étudié – entre autres – la figure de la femme hybride dans la littérature gothique dans le cadre de son mémoire de master. Sa première rencontre avec Carmilla date de cette période et depuis, elles restent en contact…

Bibliographie :

Millarca est son premier roman édité

Romans parus aux éditions du Petit Caveau :  Millarca (ou la véritable histoire de Carmilla)

Interview réalisée lors de la sortie de “Millarca”

 

Pouvez-vous rapidement vous présenter pour nos lecteur.ices ?

Je suis mauvaise pour ça… J’ai 31 ans, je vis à Paris et pour une auteure vampirique, j’ai très peur de ma cave, car il y a d’énormes bestioles dedans.

Quand avez-vous été mordu par le virus de l’écriture ?

Je crois que mes premières « œuvres » remontent à mes huit ou neuf ans, des histoires d’animaux dans la forêt qui devaient sauver leurs mamans, ainsi que des poèmes dédiés à mes chats… J’ai écrit mon premier roman à 14 ans, pendant mes cours de maths, d’histoire, d’allemand, le soir avant de me coucher, bref, tout le temps. Il n’est jamais vraiment sorti de mon disque dur, mais je garde un lien très fort avec ce premier ‘vrai’ texte. Puis, le virus ne m’a jamais vraiment quitté, avec des périodes plus inspirées que d’autres.


Pourquoi avoir fait le choix d’écrire un roman avec pour thème central les vampires ?

La figure du vampire m’aide à exprimer une partie de ce que je ressens et à cristalliser ma vision du monde, l’importance que je porte à la beauté notamment, le vacillement entre le sublime et le morbide, les stratagèmes pour se fondre dans le monde réel tout en étant un peu à côté de la plaque parfois… Et, j’adore m’imaginer capable de sauter à la gorge du premier venu.

Où puisez-vous toutes ces idées ? D’où vient l’inspiration ?

Ce sont des images qui viennent un peu toutes seules, une scène, comme un morceau de film. Parfois, mon cerveau s’y arrête et glane un scénario autour et je commence à ‘vivre’ cette parcelle d’univers. Quand ce type d’idée/image arrive, que quelque chose m’accroche, je la prends en note sur le premier truc qui me passe sous la main. Parfois, elles passent sans s’arrêter, parfois, elles me font un peu peur et je les laisse filer en me disant que quand je serai prête à en faire une histoire, elles resurgiront. Pour Millarca, une des gravures de l’exposition ‘le Romantisme noir’ m’avait beaucoup marquée. J’ai fini par l’ajouter à ma collection de tatouage en la faisant figurer sur une grande partie de mon bras.


Pouvez-vous nous parler de Millarca ?

Millarca est une rencontre entre mes lectures personnelles à un moment précis (Anne Rice, Poppy Z Brite) et les recherches que je faisais pour mon mémoire qui traitait, en partie, de la figure de la femme hybride dans la littérature gothique anglaise. J’avais lu le texte de Le Fanu puis l’alliance avec les vampires de ma bibliothèque a fait le reste. J’ai une tendance légèrement obsession quand un sujet m’attrape et que j’ai une idée créative autour de ce thème. J’ai donc fait beaucoup de recherches sur les vampires. Dans le cas de Millarca, en plus du côté ‘réécriture’ qui supposait un petit exercice de style, j’ai voulu pousser le thème du vampire au-delà des premières recherches que j’avais pu faire, aller chercher dans des mythologies moins connues. J’adore lire et relire l’histoire de la comtesse Bathory ou de Vlad Tépès, exhumer des théories scientifiques qui expliquaient le vampirisme à une époque donnée, mais je voulais trouver d’autres pistes, moins explorées. L’une d’elle a été la figure de la femme démon dans la religion juive et une autre, une croyance slave sur la manière dont naissent les vampires, et à partir de là, l’intrigue s’est tissée lentement (très lentement).

Les auteur.es sont aussi souvent de grands lecteur.ices, est-ce votre cas ? Et si oui, quelles sont vos lectures de prédilection ?

Évidemment, je lis énormément ! En plus des grands classiques (les Harry Potter, les Royaumes du Nord, Anne Rice et Poppy Z Brite que j’ai déjà citées), j’aime beaucoup lire du fantastique, de la science-fiction ou de la Fantasy d’auteurs français. Nous avons d’excellentes plumes, ici en France, qui en plus de proposer des intrigues et des univers hors des sentiers battus, accordent une très grande attention au style littéraire. Ils ne se contentent pas de ‘raconter’ une histoire, la forme est également très travaillée, l’univers original et hors norme. Je pense à Vincent Tassy pour Apostasie, Gaborit pour Abyme ou les Crépusculaires, Fabrice Collin et Arcadie, Morgane Caussarieu, évidemment… On est très loin des best-sellers américains qui finissent par beaucoup se ressembler. J’aime également énormément la littérature jeunesse, c’est à partir de ce genre qu’est né mon amour de la lecture et de l’écriture. M’y replonger régulièrement permet de me réenchanter un peu.

Avez-vous des conseils à donner aux gens qui souhaitent se faire publier ?

Je suis une très jeune auteure, j’ai encore beaucoup à apprendre. Toutefois, je conseillerais aux auteurs souhaitant être publiés de s’intéresser aux techniques scénaristiques et de construction de personnage. Ces méthodes ont leurs limites, mais elles donnent d’excellentes bases et évitent un bon nombre d’erreurs un peu grossières. Écoutez des masters class de vos auteurs préférés, achetez ‘l’anatomie du scénario’, prenez le temps qu’il faudra, mais intéressez-vous à ces techniques, car avoir une idée est à la portée de tous, mais apprendre à al développer et la raconter est un vrai travail qui mérite vraiment qu’on s’y penche.

Avez-vous déjà de nouveaux projets d’écriture ?

Oui, une histoire d’atome et de radioactivité.

Pour finir, un roman à conseiller à nos lecteur.ices ?

Vita Nostra, de Marina et Serguei Diatchenko, publié par l’Atalante. C’est une lecture un peu complexe parfois, mais exceptionnelle !